Pour toute personne vivant, voyageant ou faisant des affaires au Japon, comprendre comment lire les dates japonaises est une compétence aussi utile que fascinante. Derrière chaque date se cache un système unique, hérité de siècles d’histoire impériale, qui coexiste encore aujourd’hui avec le calendrier grégorien. Ce double système peut sembler déroutant au début, mais avec quelques repères, il devient rapidement lisible et logique.

Le système des ères japonaises : une continuité impériale

Au Japon, les années ne sont pas seulement comptées selon le calendrier grégorien (comme 2025) mais aussi selon l’ère impériale (ou gengō). Chaque ère commence avec l’intronisation d’un nouvel empereur, et les années sont ensuite comptées à partir de ce moment.

Ainsi, 2025 correspond à Reiwa 7 car l’empereur actuel, Naruhito, a accédé au trône en mai 2019, marquant le début de l’ère Reiwa. Le système est donc : Reiwa 1 (2019), Reiwa 2 (2020), etc.

Les ères récentes sont :

  • Reiwa : depuis 2019
  • Heisei : 1989 à 2019
  • Shōwa : 1926 à 1989
  • Taishō : 1912 à 1926

Chaque changement d’ère reflète un tournant politique et culturel. Ce mode de datation continue d’être employé dans l’administration, les documents officiels, les permis, les journaux, et même les billets de train.

Lire une date japonaise : les bases

Une date japonaise typique s’écrit souvent ainsi : R3.4.1, ce qui signifie « Reiwa 3, 1er avril ». L’initiale de l’ère (R pour Reiwa, H pour Heisei, S pour Shōwa, T pour Taishō) est suivie de l’année, puis du mois et du jour.

Dans les documents formels, il est aussi possible de voir les dates en kanji, par exemple :
令和三年四月一日 (Reiwa san nen shigatsu tsuitachi).

Une fois ces éléments identifiés, la lecture devient intuitive. Cela dit, beaucoup de Japonais eux-mêmes utilisent des tableaux de conversion pour vérifier ou se remémorer les correspondances entre les deux calendriers.

Et si un empereur meurt en cours d’année ?

Lorsque l’empereur décède (ou abdique, cas rare), l’année en cours peut porter deux désignations. Prenons 1989 :

  • Du 1er au 7 janvier : Shōwa 64
  • Du 8 janvier au 31 décembre : Heisei 1

Cela peut prêter à confusion pour les événements datés précisément. Par exemple, une personne née le 5 janvier 1989 est née en Shōwa 64, tandis qu’une autre née le 10 janvier 1989 est née en Heisei 1.

Le système est donc rigide en apparence, mais flexible dans sa logique interne, toujours arrimée à la date de transition impériale.

Pourquoi connaître son année de naissance en calendrier japonais est essentiel

De nombreux documents au Japon — comme les formulaires d’assurance santé, les demandes de visa ou les permis de conduire — demandent votre année de naissance selon le calendrier japonais. Impossible donc de se contenter de dire « né en 1990 » : il faut connaître l’équivalent, en l’occurrence Heisei 2.

Certaines mairies japonaises vous aideront volontiers à convertir ces dates si vous êtes étranger, mais mieux vaut avoir ces informations en tête. Des convertisseurs automatiques en ligne comme ZervTek ou les tableaux imprimés en fin de carnet peuvent se révéler très pratiques.

Pourquoi deux calendriers coexistent au Japon ?

Le Japon a officiellement adopté le calendrier grégorien en 1873, mais il a conservé parallèlement le système d’ère impériale par respect pour la tradition et l’histoire. Ce système symbolise la stabilité de l’institution impériale et l’unité nationale.

Le gengō est aussi une manière de situer les époques dans la mémoire collective. Par exemple, « les années Shōwa » évoquent les décennies de l’après-guerre, l’industrialisation et l’ouverture du pays. Les « années Heisei », quant à elles, sont souvent associées à la stagnation économique post-bulle et aux grandes catastrophes naturelles (comme le séisme de 2011).

L’abdication historique de l’empereur Akihito : un tournant

En 2019, l’empereur Akihito a abdiqué — fait rarissime — pour raisons de santé. Son fils, Naruhito, lui a succédé le 1er mai, marquant le début de l’ère Reiwa.

Traditionnellement, l’ère suivante ne commence qu’à la mort de l’empereur. Pour éviter de retarder l’informatisation et les préparatifs administratifs, le gouvernement a annoncé le nom de la nouvelle ère un mois à l’avance (le 1er avril 2019), une première historique.

Cela a permis aux entreprises, administrations et développeurs de mettre à jour les logiciels et les documents à temps, notamment ceux liés aux certificats, taxes, permis de conduire, etc.

La place du calendrier japonais dans la vie quotidienne

Outre l’administration, on retrouve le calendrier japonais dans de nombreux aspects du quotidien :

  • Les billets de transport (surtout les tickets de train lors du Nouvel An).
  • Les tampons de validation dans les musées ou temples.
  • Les produits alimentaires (certains affichent la date de fabrication selon l’ère japonaise).
  • Les journaux officiels, souvent datés au format japonais.

Pour ceux qui restent au Japon plusieurs mois, il est donc utile de se familiariser avec ce format. Cela facilite la compréhension des formulaires, l’archivage de documents ou encore la gestion de contrats.

Le calendrier japonais et les animaux du zodiaque

Chaque année est également associée à un signe du zodiaque chinois (Rat, Bœuf, Tigre, etc.). Ces signes reviennent tous les douze ans et font souvent l’objet de produits dérivés et d’amulettes (omamori) vendus dans les sanctuaires au Nouvel An.

Ainsi, un Japonais pourrait dire : « Je suis né en Shōwa 60, année du Bœuf », ce qui ajoute une dimension culturelle et symbolique à la date de naissance.

Des tableaux combinés montrent ainsi :

  • L’année en calendrier japonais
  • L’année grégorienne
  • Le signe astrologique
  • L’âge correspondant

Ces outils sont omniprésents dans les almanachs japonais, très populaires et souvent consultés.

Vers un changement des règles de succession ?

L’abdication d’Akihito a aussi relancé le débat sur la réforme de la famille impériale, notamment concernant la place des femmes. Aujourd’hui, seules les personnes de sexe masculin peuvent accéder au trône. De plus, une femme de la famille impériale perd son titre si elle épouse un roturier.

Cette situation met en péril la pérennité de la lignée, car seul un héritier masculin subsiste aujourd’hui : le jeune prince Hisahito.

Plusieurs personnalités publiques plaident pour un retour à une loi plus inclusive, comme cela existait avant la restauration Meiji, époque où le Japon comptait même des impératrices. La société japonaise évolue, et avec elle, peut-être, le système impérial.

Le calendrier japonais est bien plus qu’un simple système de datation : c’est un miroir de l’histoire, une tradition vivante et une composante essentielle de la culture japonaise contemporaine. Qu’on y voyage pour quelques semaines ou qu’on s’y installe, savoir lire et comprendre une date japonaise, c’est aussi apprendre à décoder une partie de l’identité nationale. Et dans un pays où chaque détail compte, cette petite compétence peut s’avérer précieuse au quotidien.

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