À seulement quelques kilomètres d’Osaka, la ville de Sakai offre un voyage dans le temps, au cœur d’un Japon méconnu mais profondément marqué par l’histoire, l’artisanat et la culture. Autrefois cité portuaire prospère, aujourd’hui gardienne de traditions séculaires, Sakai mérite une étape dédiée dans tout itinéraire dans le Kansai.

Une cité marchande indépendante aux portes du Kansai

Située sur la baie d’Osaka, Sakai a joué un rôle central dans l’histoire commerciale du Japon. Au XVIe siècle, pendant l’époque Sengoku, elle bénéficia d’un statut de ville autonome, dirigée par une classe marchande puissante et structurée. Ce modèle, rare au Japon, fit de Sakai un carrefour économique dynamique, comparé par certains chroniqueurs à la Venise de l’Est. Son port, actif dans les échanges avec la Chine, la Corée et le sud-est asiatique, fit sa renommée bien avant que la centralisation initiée par Hideyoshi Toyotomi ne vienne réintégrer cette cité libre dans le giron d’Osaka.

Aujourd’hui encore, en flânant dans ses quartiers anciens, on devine cette richesse passée dans les temples, les ruelles calmes et les anciennes résidences marchandes.

Le Daisenryo Kofun : un mausolée impérial aux proportions colossales

Sakai abrite l’un des plus impressionnants sites funéraires du Japon : le Daisenryo Kofun, aussi appelé tombeau de l’empereur Nintoku. Datant du Ve siècle, ce tumulus en forme de trou de serrure est considéré comme la plus grande sépulture de l’archipel et l’un des plus vastes monuments funéraires au monde. Sa longueur atteint environ 486 mètres, entourée de trois douves concentriques.

Ce site sacré n’est pas accessible directement, mais il peut être admiré depuis le 21e étage de la mairie de Sakai, qui offre une vue panoramique idéale pour comprendre l’ampleur du monument. Une promenade de quatre kilomètres permet également d’en faire le tour, en longeant les douves bordées de végétation.

Les kofun de Mozu et la mémoire ancienne du Japon

Le Daisenryo Kofun n’est pas un cas isolé. Il fait partie du groupe des tombes de Mozu, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette constellation de tertres funéraires, majoritairement visibles à Sakai, témoigne de l’importance de la région dans les premières strates de l’histoire impériale japonaise.

Parmi les autres kofun notables, le Nisanzai Kofun, long de 300 mètres, et le Hanzei-Tenno-Ryo sont accessibles pour des visites extérieures. Ils sont souvent bordés de parcs et de sentiers calmes, permettant une approche tranquille et contemplative.

Sen no Rikyû et l’héritage de la cérémonie du thé

Sakai est aussi connue comme la ville natale de Sen no Rikyû, figure fondatrice de la cérémonie du thé telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui. Philosophe, esthète et conseiller de plusieurs seigneurs de guerre du XVIe siècle, Rikyû a profondément influencé l’esthétique japonaise et la pensée zen à travers le rituel du chanoyu.

Les visiteurs peuvent découvrir cet héritage au Sakai Plaza of Rikyu & Akiko, centre culturel moderne situé au cœur de la ville. Ce lieu propose des expositions immersives sur l’univers du thé et la vie de Sen no Rikyû, ainsi qu’un pavillon pour participer à une cérémonie du thé, encadrée par des praticiens confirmés.

Non loin, le puits aux camélias, vestige de la maison de Rikyû, peut également être visité. Il symbolise l’intimité et la sobriété du wabi-sabi, principe esthétique fondamental de la culture japonaise.

L’artisanat d’excellence : couteaux, vélos et encens

Le savoir-faire artisanal reste aujourd’hui un pilier de l’identité de Sakai. La ville est notamment célèbre pour ses couteaux de cuisine, produits selon des techniques héritées des forgerons d’armes de l’époque féodale. Ces lames, utilisées par les plus grands chefs au Japon et à l’étranger, sont encore fabriquées à la main, avec une grande exigence de qualité.

Le musée du couteau (Sakai Tohji Knife Museum) permet de découvrir les étapes de fabrication, de la forge au polissage, ainsi que l’histoire des artisans qui ont transmis ces techniques. Des démonstrations sont parfois proposées, et certaines boutiques locales permettent d’acheter des modèles faits sur mesure.

Par ailleurs, Sakai a également su préserver une tradition de fabrication de vélos de haute qualité, encore peu connue des voyageurs étrangers. Le Sakai Denshokan, musée de l’artisanat, expose une grande variété d’objets artisanaux, dont les bicyclettes et d’autres spécialités locales, comme l’encens produit par la maison Baieido, active depuis plus de 360 ans.

Un patrimoine muséal riche et accessible

Outre le musée de Rikyû, Sakai propose plusieurs autres établissements culturels d’intérêt. Le musée Mihara retrace l’histoire industrielle et artisanale de la région. Le musée Alphonse Mucha, abrité dans le centre culturel municipal, expose quant à lui des œuvres de l’artiste tchèque, dans un cadre original pour les amateurs d’Art Nouveau.

Autre lieu marquant : le Sakai Plaza of Rikyu & Akiko, qui regroupe aussi une exposition permanente sur la poétesse Yosano Akiko, pionnière du féminisme et figure intellectuelle majeure du Japon moderne. Cette femme originaire de Sakai est connue pour avoir créé la première école mixte du pays et pour ses écrits poétiques novateurs.

Des temples, des jardins et des ruelles chargés d’histoire

Sakai regorge également de petits sanctuaires et temples disséminés dans ses quartiers résidentiels. Le Sumiyoshi Taisha, même s’il est davantage associé à Osaka, possède à Sakai une implantation ancienne liée à la protection des marins et des commerçants.

Le parc Francisco de Xavier, ancien site de la résidence d’un riche marchand, offre une parenthèse paisible au cœur de la ville. Les visiteurs peuvent aussi explorer les rues du quartier de Kaino-chô, avec ses petites maisons, ses échoppes traditionnelles et ses traces d’un passé commerçant aujourd’hui préservé.

Conseils pratiques pour visiter Sakai

Sakai est facilement accessible en train depuis Osaka (environ 15 à 20 minutes selon la ligne empruntée). La ville se parcourt aisément à pied ou à vélo, plusieurs circuits étant proposés autour des kofun et des musées.

Pour une première découverte, il est conseillé de commencer par le centre-ville et le Sakai Plaza of Rikyu & Akiko, avant de se diriger vers les kofun et de terminer par la visite d’un atelier de couteaux ou un arrêt dans un café de quartier. Un itinéraire d’une journée suffit pour explorer l’essentiel, mais les passionnés d’histoire ou d’artisanat pourront facilement y consacrer davantage de temps.

En raison de la proximité de l’aéroport international du Kansai, Sakai constitue également une excellente option pour une dernière escale avant de prendre un vol, avec des hébergements plus calmes qu’à Osaka, et une atmosphère locale préservée.

Explorer Sakai, c’est entrer dans une ville qui conserve une âme commerçante, un profond respect pour ses racines historiques et une excellence artisanale discrète. Loin des itinéraires classiques, elle offre un aperçu rare et captivant du Japon, accessible en quelques minutes seulement depuis Osaka.

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