Au Japon, l’automne est marqué par une tradition fascinante et empreinte de poésie : la contemplation de la pleine lune, appelée tsukimi (月見). Cette coutume, qui remonte à plusieurs siècles, est encore célébrée aujourd’hui à travers le pays. Plus qu’une simple observation céleste, le tsukimi est un moment de gratitude envers la nature et un hommage aux récoltes. Entre offrandes, décorations et festivités, cette tradition offre une immersion unique dans la culture japonaise et son lien profond avec les cycles de la nature.

L’origine du Tsukimi

La tradition du tsukimi trouve ses racines en Chine, sous la dynastie Tang (618-907), avant d’être adoptée au Japon. Elle apparaît dans l’archipel dès la période de Nara (710-794) et se développe au cours de l’époque Heian (794-1185). À l’origine, la noblesse japonaise célébrait la pleine lune en organisant des soirées élégantes où l’on jouait de la musique et composait des poèmes en admirant le reflet lunaire sur l’eau.

Durant l’époque d’Edo (1603-1868), cette coutume s’est popularisée parmi le peuple. Le tsukimi est alors devenu une célébration des moissons, avec des offrandes faites à la lune pour exprimer gratitude et espoir pour de futures récoltes abondantes. Aujourd’hui encore, de nombreuses familles et communautés continuent de perpétuer cette tradition à travers tout le Japon.

La pleine lune et le calendrier luni-solaire

Avant l’adoption du calendrier grégorien en 1873, le Japon utilisait un calendrier luni-solaire, basé sur les cycles de la lune. Dans ce système, l’automne s’étendait du septième au neuvième mois, et la pleine lune du quinzième jour du huitième mois (jûgoya no tsukimi, 十五夜の月見) marquait le moment idéal pour son observation.

Cette pleine lune, également appelée « chûshû no meigetsu » (中秋の名月), signifie littéralement « la belle lune de la mi-automne ». Elle correspond aujourd’hui à une date variant entre septembre et octobre, et en 2024, elle aura lieu le 17 septembre.

Les rituels et symboles du Tsukimi

Lors du tsukimi, plusieurs éléments symboliques sont disposés en offrande pour honorer la lune et célébrer les récoltes. Parmi eux, on retrouve :

  • Les dango du Tsukimi (月見団子) : ces petites boulettes de riz sucrées, souvent empilées en pyramide, sont l’un des mets les plus emblématiques de cette célébration. Elles symbolisent la gratitude pour les récoltes et la prospérité future.
  • Les susuki (薄) : ces roseaux à plumets, semblables aux épis de pampa, sont disposés près des fenêtres ou des autels pour représenter la force et la résistance face aux éléments naturels.
  • Les fruits et légumes de saison : les Japonais offrent souvent des patates douces, des châtaignes et des courges, rappelant l’importance des récoltes automnales.

Comment le Tsukimi est célébré aujourd’hui

Bien que le Japon moderne ait changé, le tsukimi reste une fête ancrée dans la culture nationale. Voici quelques façons dont il est célébré à travers le pays :

Les temples et sanctuaires en fête

De nombreux temples et sanctuaires organisent des événements spéciaux pour le tsukimi. À Kyoto, le sanctuaire Shimogamo et le temple Daikaku-ji proposent des cérémonies où l’on peut admirer la pleine lune en musique, souvent accompagnées de concerts de koto (instrument traditionnel japonais). Le sanctuaire Sumiyoshi Taisha d’Osaka et le sanctuaire Meiji Jingu à Tokyo sont également réputés pour leurs célébrations.

Les croisières sous la pleine lune

Dans certaines régions, des bateaux traditionnels naviguent sur les lacs et rivières pour permettre aux passagers d’admirer le reflet de la lune sur l’eau, reprenant ainsi une ancienne pratique aristocratique. Le lac Biwa, près de Kyoto, est un lieu prisé pour cette expérience unique.

Les offres spéciales dans les restaurants et cafés

Chaque année, des chaînes de restauration rapide et des cafés proposent des menus spéciaux en l’honneur du tsukimi. Parmi les plus célèbres, on retrouve le Tsukimi Burger, un hamburger garni d’un œuf au plat représentant la pleine lune, commercialisé par McDonald’s Japan.

Le Tsukimi à travers le Japon

La manière de célébrer le tsukimi varie légèrement d’une région à l’autre.

  • Dans le Kansai, les habitants ont l’habitude de célébrer imotsukimi (芋名月), où la patate douce (imo) est mise à l’honneur en tant qu’offrande principale.
  • À Okinawa, on retrouve une version locale du tsukimi appelée Jūgoya Odori, où des danses traditionnelles sont organisées en hommage à la lune.
  • À Hokkaido, les nuits d’automne étant plus fraîches, les Japonais profitent du tsukimi en s’installant près d’un brasero pour se réchauffer tout en contemplant la lune.

Tsukimi et autres fêtes lunaires en Asie

Le tsukimi japonais partage des similitudes avec la Fête de la mi-automne célébrée en Chine, à Taïwan et au Vietnam. Cette dernière est également marquée par des offrandes, des lanternes et la dégustation des célèbres gâteaux de lune (yue bing). Bien que les rituels varient d’un pays à l’autre, l’idée centrale reste la même : honorer la lune et exprimer gratitude et espoir.

Le tsukimi est une célébration poétique qui témoigne du lien profond entre la culture japonaise et la nature. Bien qu’elle ait évolué au fil des siècles, cette tradition demeure un moment de contemplation et de partage, où le simple acte de lever les yeux vers la lune devient une expérience culturelle et spirituelle unique. Que l’on assiste à une cérémonie dans un temple, que l’on déguste un tsukimi dango ou que l’on profite d’une soirée paisible sous le ciel étoilé, cette fête rappelle l’importance de prendre le temps d’admirer la beauté du monde qui nous entoure.

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