Considérées comme les plus belles vues paysagères de l’archipel depuis le XVIIe siècle, les trois panoramas de Matsushima, Amanohashidate et Miyajima incarnent une esthétique japonaise de la contemplation et de l’harmonie. Chacun offre une expérience visuelle unique, façonnée par la nature, le temps et le regard des hommes.

Une reconnaissance ancienne de la beauté naturelle

L’expression « Nihon Sankei » (日本三景), littéralement « trois vues du Japon », désigne les paysages les plus emblématiques du pays, identifiés dès 1643 par le philosophe Confucéen Hayashi Razan. Ce classement n’est pas seulement une question de beauté visuelle, mais aussi de résonance spirituelle et poétique. Ces trois sites, situés dans des régions distinctes du Japon, reflètent à la fois la diversité géographique et la sensibilité esthétique profondément ancrée dans la culture japonaise.

Ces lieux sont encore aujourd’hui des destinations prisées, accessibles et intégrées dans de nombreux itinéraires de voyage. Ils permettent de découvrir à la fois des paysages remarquables et des sites à forte charge culturelle ou religieuse.

Matsushima : une mer constellée d’îlots

Située dans la préfecture de Miyagi, au nord-est du pays, Matsushima désigne un chapelet d’environ 260 îlots recouverts de pins, éparpillés dans la baie du même nom. Le nom lui-même signifie « îles aux pins », évoquant immédiatement la fusion de la mer et de la forêt.

Ces formations rocheuses, érodées par les vagues au fil du temps, offrent des formes variées et parfois étonnantes. Certaines îles semblent reliées par des arches naturelles, d’autres émergent comme des sculptures isolées. L’ensemble compose un paysage changeant selon la lumière, les marées et la brume.

Matsushima est aussi un site historique et spirituel. Le temple Zuigan-ji, fondé au IXe siècle et reconstruit sous l’ère Edo, est un exemple d’architecture bouddhique zen. Une croisière dans la baie permet d’admirer les îlots de plus près, tout en bénéficiant d’explications sur leurs noms et origines.

L’accès se fait facilement depuis Sendai, avec des liaisons régulières depuis Tokyo en shinkansen.

Amanohashidate : un pont entre terre et ciel

Dans la baie de Miyazu, au nord de Kyoto, Amanohashidate fascine par sa forme singulière. Ce tombolo, banc de sable long de 3,3 km, relie les deux rives de la baie. Il est couvert de plus de 7 000 pins maritimes, formant une allée verte naturelle au ras de l’eau.

Depuis les hauteurs de la ville de Miyazu ou d’Ine, le cordon semble flotter sur la mer. D’où le nom « Amanohashidate », signifiant littéralement « pont du ciel ». Une tradition ancienne consiste à observer le paysage en se penchant en avant et en regardant entre ses jambes, ce qui accentue l’impression que le pont relie le ciel à la terre.

Une balade sur le tombolo permet de traverser la baie à pied ou à vélo. On peut aussi emprunter un bateau ou le funiculaire pour profiter d’un panorama complet depuis les collines avoisinantes.

Amanohashidate est un lieu de calme et de beauté discrète, valorisé pour ses nuances saisonnières, de la neige hivernale aux reflets dorés d’automne.

Miyajima : torii flottant et spiritualité insulaire

L’image du grand torii vermillon émergeant de l’eau à Miyajima est sans doute l’une des plus connues du Japon. L’île, officiellement nommée Itsukushima, se situe dans la baie d’Hiroshima. Le torii marque l’entrée maritime du sanctuaire shinto Itsukushima-jinja, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Selon la croyance shinto, l’île était autrefois si sacrée qu’il était interdit d’y poser le pied. Les visiteurs accostaient donc en passant sous le torii, embarqués sur des barques à rame. Aujourd’hui encore, ce geste symbolique demeure pour les pèlerins comme pour les touristes.

La marée joue un rôle important dans l’expérience du site. À marée haute, le torii semble flotter sur l’eau. À marée basse, on peut marcher jusqu’à sa base. En arrière-plan, le mont Misen forme une silhouette boisée et offre plusieurs sentiers de randonnée.

Miyajima abrite également des temples bouddhiques, une pagode à cinq étages, un parc de daims en liberté et des rues commerçantes typiques. Le site se prête aussi bien à une excursion d’une journée qu’à un séjour prolongé sur l’île.

Organiser un circuit autour des trois vues

Il est possible de visiter les trois sites dans un même séjour au Japon, bien qu’ils soient répartis sur une large portion du territoire. Matsushima se trouve dans le Tôhoku, région du nord-est. Amanohashidate appartient à la préfecture de Kyoto, au cœur du Kansai. Miyajima est située dans la région du Chûgoku, à l’ouest du pays.

Pour relier ces trois lieux, l’usage du Japan Rail Pass est recommandé. Il permet de prendre les shinkansen jusqu’à Sendai (pour Matsushima), Kyoto ou Fukuchiyama (pour Amanohashidate), puis Hiroshima ou Miyajimaguchi (pour Miyajima). Des ferrys et trains régionaux complètent les trajets.

Le printemps et l’automne sont les périodes les plus favorables pour combiner les trois, avec une météo clémente et des paysages aux couleurs marquées. Chaque site propose également des expériences locales : dégustation d’huîtres à Miyajima, promenade en bateau à Matsushima, location de vélos à Amanohashidate.

Explorer les trois vues les plus célèbres du Japon, c’est embrasser la diversité des paysages, mais aussi découvrir la manière japonaise de regarder, de nommer et de sublimer la nature. Ces sites invitent à ralentir, à contempler et à laisser le paysage façonner l’expérience du voyage.

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